jeudi 7 avril 2011

Le mystère de l’invisible dans le Horla par Guy de Maupassant

             Le Horla, publié par Guy de Maupassant en 1887, est un texte du type fantastique penché sur le rationnel et la fiction. Écrit sous forme de journal à la première personne du présent de l’indicatif, l’histoire est composée d’une série d’évènements qui mènent à la perte de logique et de rationalisme du narrateur. Ce personnage, soit l’auteur en question, perd au fur et à mesure que les évènements du récit se développent, la capacité de distinguer le réel de l’irréel. Le surnaturel se transforme rapidement en une composante de sa réalité aboutissant à la création d’un être fantastique portant le nom de Horla.
            Cet être fictif ne peut ni être vu, ni entendu puisqu’il est une création du subconscient, une créature imaginaire conçu entièrement par l’auteur. Sa présence est ignorée par tous les autres personnages du récit puisqu’il se manifeste à son créateur qu’en moments de complète solitude. Ce mystère de l’invisible est une force, une présence inexplicable qui va et vient sans avertissements. Elle établit chez le personnage ciblé un sérieux sentiment d’inconfort, de peur et d’agitation. Pourtant, les influences négatives dues au surnaturel sur le comportement et le bien-être de l’auteur demeurent des éléments nécessaires au bon développement et à la compréhension du texte. Les effets causés par la présence du fantastique agissent tout d’abord comme élément perturbateur, afin de déranger l’équilibre et la tranquillité des premiers paragraphes. Ensuite, cette présence inexplicable dans la vie du personnage principale permet à la fois de développer le thème central de la folie ainsi que le message de fond de l’auteur. Guy de Maupassant a inséré dans son récit intitulé le Horla, une idéologie basé sur ses expériences personnelles ainsi que les progrès psychopathologiques de XIXe siècle. Celle-ci propose que la révélation d’une force extrême est due à la perte de raison de l’individu en question. Malgré cette déclaration, l’auteur ne prend aucune position décisive sur le sujet et refuse d’insérer mot de ses propres croyances dans le texte. Il décide au lieu de simplement présenter les évènements dans un ordre chronologique afin que le lecteur puisse se bâtir sa propre opinion sur les nombreux concepts mystérieux dévoilés. 
            Le 12 mai, l’auteur ressent pour la première fois les effets négatifs de cette présence mystérieuse, soit sous forme de pressentiment étrange et de fièvre. Peu à peu, ce sentiment de malaise se transforme en des effets inexplicables, une crainte constante qui refuse de quitter les pensées profondes de l’auteur.  Le nouveau personnage, soit le dédoublement de personnalité du narrateur, influence à la fois ses actions, ses pensées ainsi que son jugement. Privé de toute aide et de tout support sur le plan moral, une fin désastreuse devient rapidement inévitable pour la pauvre victime. L’héros essaye désespérément de se débarrasser de cet être qui le hante en changeant de scène ainsi que d’entourage. Puisque ses actions n’apportent qu’une solution temporelle à son problème psychologique, il tente comme dernier recourt de semer le feu à sa demeure. L’homme réalise après cet incident qu’il ne peut s’évader du fruit de son imagination puisqu’en somme, ces deux personnalités ne forment qu’un seul individu. L’aspect tragique recherché par l’auteur est complété lorsque celui-ci mentionne l’action du suicide que le personnage contemple entreprendre. Le surnaturel ayant envahit la réalité du narrateur, celui-ci se retrouve alors face à face à une décision impossible : céder tranquillement à la folie ou bien tout simplement, s’enlever la vie.

Sébastien Robert

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